«Je vis des arbres croître et changer comme des bouffées de vapeur ; tantôt roux, tantôt verts ; ils croissaient, s’étendaient, se brisaient et disparaissaient. Je vis d’immenses édifices s’élever, vagues et splendides, et passer comme des rêves. Toute la surface de la terre semblait changée – ondoyant et s’évanouissant sous mes yeux. Les petites aiguilles, sur les cadrans qui enregistraient ma vitesse, couraient de plus en plus vite. Bientôt je remarquai que le cercle lumineux du soleil montait et descendait, d’un solstice à l’autre, en moins d’une minute, et que par conséquent j’allais à une vitesse de plus d’une année par minute ; et de minute en minute la neige blanche apparaissait sur le monde et s’évanouissait pour être suivie par la verdure brillante et courte du printemps.»
Une référence dans l’univers de la science-fiction, je connaissais déjà l’auteur pour La Guerre des Mondes, que j’avais beaucoup aimé, même si les versions cinématographiques ont rendu le livre plus actuel (rappelons que l’auteur date du XIXe/début XXe siècle). Ici, une autre histoire aussi adapté au cinéma, je me souviens d’une vieille version qui a dû être tournée dans les années 60 (environ) et que j’avais beaucoup aimé pour le respect de l’œuvre, même si je ne le savais pas encore.
Le roman est raconté par une personne extérieure, un ami de l’explorateur qui arrive à mettre au point une machine à explorer le temps. Il raconte le calvaire qu’il a vécu pendant une semaine, ce qu’il a vu de l’évolution de l’homme, en négatif. En effet, on découvre que l’humanité va vers un retour aux sources, d’une certaines façon. Pas de technologie à la Star Trek, plutôt une évolution physique positive, mais une peur viscérale du noir, de la nuit, une soumission silencieuse également face à la menace indescriptible.
Ce livre a donc plus d’un siècle d’existence, l’auteur n’a pas connu les ordinateurs, les téléphones portables ou même la télé-réalité. Néanmoins, dans sa façon de concevoir les choses, il arrive à mettre le point sur quelque chose qui pourrait être possible : l’abrutissement. C’est de la science-fiction, certes, mais ce roman est propice à la réflexion, au questionnement de notre avenir, de la tournure que cela prend. Bien entendu, je ne dis pas qu’il a vu des choses et que nous allons vers ce qu’il dit, mais on peut se demander si la technologie actuelle ne nous rend pas un peu comme ce peuple qu’il a côtoyé, à savoir docile, obnubilé par la beauté des corps, l’absence de vieillesse aussi, et surtout, un retour des peurs millénaires.
C’est finalement un roman qui fait réfléchir et que j’ai aimé lire.
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