Quelles infortunes pour la vertueuse Justine ! Sans défense, elle se retrouve jetée malgré elle sur la pente du vice. Et ce n'est certainement pas au couvent qu'elle trouvera le salut : car entre les murs, où la débauche et la luxure sont les seuls mots d'ordre, les moines se livrent à des pratiques redoutables pour expier leurs désirs...
Bon, tout le monde connaît la réputation de cet homme dans ses écrits. Loin d’être choquée par son imagination, il faut savoir que le Marquis de Sade, à cause de ses écrits pour le moins osés, ne figure pas dans les ouvrages de Lagarde et Michard (œuvres de références surtout pour les professeurs). La preuve, l’édition que je possède a pour titre « Chef-d ‘œuvres interdits » et contient de charmants dessins de femmes dévêtues.
Dans Historiettes et Contes et Fabliaux, Sade dénonce essentiellement des vices de couples, les fourberies humaines, il y a un air de Marguerite de Navarre dans certains anecdotes, comme un emprunt également au Moyen-Age, on peut par exemple penser à la farce.
Passons à l’œuvre Les Infortunes de la Vertu. Tout d’abord, il y a en effet une partie de l’œuvre consacrée aux vices sexuels, mais cela n’occupe qu’une partie (elle doit durer une bonne trentaine de pages tout au plus). Le reste de l’ouvrage est consacrée à la réflexion sur la vertu, le rapport des uns avec les autres. On peut croire que Sade dénonce une vertu non récompensée quand on voit les malheurs de Justine se succéder. Dire qu’au contraire, il incite le lecteur à devenir vertueux est une possibilité à condition d’une recherche plus poussée de l’œuvre.
Ce qui est certain, c’est que Sade arrive à retenir l’attention du lecteur malgré l’absence de chapitres. Il introduit à merveille le discours de Justine, précis dans les événements pour éveiller l’imagination.
Accordons quelques lignes au sujet longtemps tabou : le sexe. Oui, cet ouvrage ne doit pas tomber dans des mains innocentes, mais avec ce que l’on peut voir de nos jours à la télévision, cela dépend vraiment de la sensibilité de la personne. Sade arrive à nous faire comprendre de quoi il veut parler sans rentrer dans les détails, pour donner un exemple, il n’est pas aussi cru que Keri Arthur (où pour le coup, c’est seulement 30 pages où il n’y a pas de sexe du tout !). Pourtant, il arrive à demi-mots à nous faire rougir, à nous exciter ou à nous dégoûter. On a envie par moment de ressentir de la compassion pour Justine, parfois de l’incompréhension : comment une femme comme elle aussi abusée peut-elle retomber dans le piège suivant sans rien voir ?
C’est plutôt pas mal comme lecture, je lirai sans doute un jour Les Crimes de l’Amour, histoire d’avoir une plus grande connaissance des œuvres de Sade.
Ajouter un commentaire