Les Filles du Feu, Chimères - Gérard de Nerval

Nerval les filles du feu " Sylvie " nous mène au cœur de la géographie nervalienne et de son univers mental : noms de villages et de jeunes filles en fleurs, rondes et déguisements, initiation amoureuse et faux mariage, chansons populaires et vieilles légendes, tout fait ressurgir le passé tel qu'on le rêve : la résurrection du souvenir est aussi importante que son contenu. Nerval est à la poursuite d'une image, celle d'une actrice belle comme le jour et pâle comme la nuit. Tout se brise et se recompose perpétuellement, à partir d'un feu primordial où naîtraient les âmes. Il n'y a pas d'ordre, pas de hiérarchie, le monde extérieur et le monde mental n'ont plus de frontière, ni d'ailleurs l'érudition qui truffe ces récits. La pensée est toujours soutenue par le chant : c'est pourquoi, non seulement à cause des thèmes (et des femmes aimées), mais à cause de la recherche de la poésie pure, Nerval a voulu annexer Les Chimères à son recueil, dont elles sont le sommet et la conclusion.

Recueil de nouvelles du grand Nerval, auteur du XIXe siècle, Les Filles du Feu possède sept nouvelles qui ont pour titre le nom d’une femme, objet principal de la nouvelle, valorisée, voire parfois glorifiée. De la simple fille au cœur pur à l’actrice jouant avec les sentiments des hommes afin de comprendre leur degré d’ « amour », chacune d’elles se voit attribuer une histoire différente où leurs valeurs morales sont mises en avant, contrastant parfois avec la fourberie ou la naïveté des hommes.

Autre chose très particulière, chaque nouvelle est liée avec les autres grâce à un détail : parfois, c’est uniquement l’évocation du nom de la femme qui apparaîtra dans la nouvelle suivante (Sylvie qui apparaît dans la nouvelle « Angélique », Isis dans « Octavie »), un lieu, comme Naples, le narrateur, qui semble être en lien avec toutes les nouvelles. Il semble donc qu’il y ait un fil directeur qui unit le recueil. Nerval s’essaie aussi au théâtre avec « Corilla ». Bonne surprise, cela marche à merveille, malgré sa taille (un simple acte).

Des thèmes sont souvent apparents : on remarque le thème de la comédie avec l’allusion au théâtre, d’acteurs. Il y a aussi des références à d’autres œuvres littéraires antérieures (on pense aux Métamorphoses d’Apulée qui consacre un chapitre entier sur Isis, ici, c’est une nouvelle entière plus l’allusion dans la nouvelle « Octavie »), sans oublier une forte référence à l’histoire.

Ensuite, arrive la section poésie avec des sonnets qui ont pour sujet la culture antique et biblique, on est plus dans de l’imaginaire cette fois-ci. On peut dire que c’est une œuvre complète.

J’ai eu une petite préférence pour la nouvelle « Isis », même si je me suis régalée avec le recueil en général. Il a fallu en revanche passer la première nouvelle pour vraiment entrer dans le livre, mais plus les pages tournent, plus les nouvelles sont courtes, pour le plaisir des lecteurs qui voudraient passer à autre chose.

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