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L'Enfan éternel - Philippe Forest

9782070405572 «J'ai fait de ma fille un être de papier. J'ai tous les soirs transformé mon bureau en théâtre d'encre où se jouaient encore ses aventures inventées. Le point final est posé. J'ai rangé le livre avec les autres. Les mots ne sont plus d'aucun secours. Je fais ce rêve. Au matin, elle m'appelle de sa voix gaie au réveil. Je monte jusqu'à sa chambre. Elle est faible et souriante. Nous disons quelques mots ordinaires. Elle ne peut plus descendre seule l'escalier. Je la prends dans mes bras. Je soulève son corps infiniment léger. Sa main gauche s'accroche à mon épaule, elle glisse autour de moi son bras droit et dans le creux de mon cou je sens la présence tendre de sa tête nue. Me tenant à la rampe, la portant, je l'emmène avec moi. Et une fois encore, vers la vie, nous descendons les marches raides de l'escalier de bois rouge.»

Roman autobiographique, L’enfant Eternel nous entraîne au cœur des parents qui doivent vivre avec le cancer de leur jeune fille de trois ans. Sujet difficile à aborder, c’est avec une exactitude déconcertante que l’auteur nous livre son combat, son échec face à une maladie qui peut toucher n’importe qui, peu importe le sexe, l’âge.

Professeur à l’université, l’écrivain met en lien la vie de sa fille avec celle de Peter Pan, son héros préféré. Comme lui, elle ne pourra jamais grandir et restera éternellement une enfant dans l’esprit de ses parents et pour tous ses proches. On s’attache à sa façon de voir la vie, une vision si simple, enfantine, qui ne pense pas à la maladie ou du moins, qui ne le transparait pas. C’est une petite fille courageuse, qui profite du mieux qu’elle peut des moments partagés avec ses parents, regarde des émissions de son âge, veut entendre des histoires pour s’évader.

On aborde ici la mort comme un voyage, comme si on allait au Pays Imaginaire pour ne plus grandir, vivre d’aventures et ne pas penser au lendemain. Certainement une belle façon pour ne pas sombrer dans un profond cauchemar sans fin.

Mais la maladie persiste, la médecine n’y peut rien, c’est un destin tragique accentué par l’âge de l’enfant. Le transfert d’un état à un autre est long, le lecteur assiste impuissant aux derniers instants de Pauline, petite fillette si courageuse mais malchanceuse.

C’est dur de lire un livre pareil. Qu’on ait connu ou non ce genre de chose n’y change rien, on le sait tous que perdre un être cher est difficile à accepter. On est ému au début, complètement bouleversé durant les dernières pages. Mais finalement, l’enfant reste comme Peter Pan, une enfant pour l’éternité sur le papier et dans le cœur de ses parents.

C’est une belle histoire malgré le sujet, prévoyez les mouchoirs et un endroit à l’abri des regards pendant la lecture, c’est un bon conseil que je vous donne.

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