Après Les Délices de Tokyo, porté à l’écran par Naomi Kawase, Durian Sukegawa signe un second roman tout aussi poétique, lumineux et original.
Le jeune Ryôsuke manque de confiance en lui, un mal-être qui puise son origine dans la mort prématurée de son père. Après une tentative de suicide, il part sur ses traces et s’installe sur l’île où celui-ci a passé ses dernières années. Une île réputée pour ses chèvres sauvages où il va tenter de réaliser le rêve paternel : confectionner du fromage. Mais son projet se heurte aux tabous locaux et suscite la colère des habitants de l’île…
Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour réaliser nos désirs ? À travers les épreuves de Ryôsuke, Durian Sukegawa évoque la difficulté à trouver sa voie, soulignant le prix de la vie, humaine comme animale.
J’avais déjà beaucoup aimé le premier roman de l’auteur, Les Délices de Tokyo, que j’avais trouvé poétique et beau. Une nouvelle fois, sa plume nous ravit avec cette histoire.
Trois personnes quittent « le continent » pour se rendre sur une île afin de réaliser des travaux. Ryôsuke, notre personnage principal, est une personne introvertie, qui a peur d’aller vers les autres, qui ne sait pas comment s’y prendre. Il est discret, mal à l’aise parfois avec les humains, surtout qu’il ne sait pas lui-même où il en est dans sa vie, quel est son véritable but. Sur l’île, il décide de retrouver un vieil ami de ses parents et va tenter de fabriquer du fromage de chèvre afin d’apporter une touche à ce lieu qui peut lui paraître si austère sur certains sujets.
Ce roman nous montre tout ce que peut vivre l’Homme au quotidien. A partir d’un certain moment dans sa vie, on peut se penser perdu, ne pas savoir quelle est notre rôle dans ce monde. Ryôsuke se sent parfois rejeté, abandonné, même l’île ne lui apporte pas cette sérénité qu’on pourrait essayer de chercher en dehors des grandes villes qui vont à mille à l’heure. Pire encore, il n’est pas en accord avec les coutumes des habitants, leur rapport avec les animaux qui ne servent au final qu’à les nourrir.
Comme pour son premier roman, Durian Sukegawa nous montre une réalité qui est navrante, qui commence avec des questionnements. Oui, il nous montre que l’humain ne se sent pas forcément à sa place, mais un message positif se fait ressentir à la fin de la lecture. Il a cette capacité à nous entrainer malgré nous vers une guérison de l’âme. La vie n’est pas parfaite, mais nous ne devons pas rester sur nos échecs et avancer.
C’est une belle philosophie de la vie, un roman d’une beauté exceptionnelle sans ce côté malsain qu’il peut y avoir dans la littérature française actuelle. Et pour ceux qui serait réfractaire à la littérature japonaise, sachez que ce roman est accessible, se lit très bien, et permet de s’évader le temps d’une lecture.
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