Le Lamento des Ombres - Recueil aux éditions du Chat Noir

Tempo sourd ou pure envolée, trille innocente ou rugissement de haine, la musique vibre à nos oreilles de ses multiples identités. Tantôt berceuse, parfois fracassante, elle n’a pas de frontières, elle ignore les bornes. Ou plutôt, elle les refuse.
L’harmonie, ce fluide évanescent de cannelle et de myrrhe qui perce jusqu’aux palissades des cultures, marche aux confins de la mortalité. Elle transgresse les limites humaines. Elle apporte l’ailleurs jusqu’à nous, nous y transporte. Elle ouvre des passages vers des mondes imperceptibles et les créatures qui y vivent. Pour la beauté, pour la musique…

Huit auteurs se sont rencontrés autour d’une poignée de notes. Certains ont pris l’immortalité en Dot majeure, d’autres un chant Fa-erique aux accents tragiques. Les restants se sont partagé des partitions en clés de Sol afin de passer une porte, une épreuve… ou la muraille dont s’entoure un cœur.
Dans ce grand opéra à huit voix, l’Histoire croise l’utopie, la fantasy médite en compagnie du fantastique romantique sur la magie et les pactes faustiens. Un arpège délicat se met en œuvre. Une mélodie douce-amère, où les ombres évoluent dans les brumes comme dans les consciences…

Le sentier du lamento vous mènera jusqu’à elles.

Recueil très intéressant en général, le thème imposé est bien respecté par les auteurs sélectionnés et on découvre avec plaisir certains noms qui ne devraient plus être inconnus dans quelques temps, mais on découvre également avec plaisir des auteurs que l’on connaissait déjà (pour ma part Céline Guillaume et Ambre Dubois). Voici un avis de chaque nouvelle :

Maudite Sonate ! de Stéphane Soutoul :

Très belle histoire qui privilégie l’entraide par-dessus tout. Autre point positif : le sauveur et la sauvée ne tombent pas amoureux l’un de l’autre comme on peut le voir partout dans la littérature actuelle. Au contraire, Joachim garde ses pensées pour son amour perdu des années plus tôt, ce qui le rend touchant à mes yeux. La description, de la Mort surtout, est sublime. Très bonne découverte.

Requiem pour un songe de Céline Guillaume :

Il y a toujours de la poésie dans ses écrits, mais quel dommage que ce soit si court ! Mais d’un autre côté, cela renforce le mystère autour des personnages. En tout cas, c’est toujours un plaisir de lire cette auteure, vivement son prochain roman !

That’s a long way to Hell de Marianne Gellon :

Nouvelle que je trouve complète, le personnage est exploité à fond, sa déchéance crescendo est prévisible mais très bien écrite. La petite touche d’Histoire est la bienvenue ici.

Song to the Siren de Céline Guillot :

Très belle nouvelle originale, dommage qu’il n’y ait pas plus de précisions sur la sirène. Pas forcément dévoiler son identité mais la voir dans différentes actions. Lecture très agréable, se lit avec plaisir et très bonnes références musicales concernant le métal.

Les Flûtes enchantées de Vanessa Terral :

Intégrer une enquête est une très bonne idée, sans oublier que les deux enquêtrices sont des personnages attachants. L’histoire est bien menée, ça donne envie de lire une suite. A quand le roman ?

La Chorale du Temps d’Ambre Dubois :

L’univers utilisé par l’auteur m’a fait penser à une nouvelle de Lovecraft qui avait pris aussi pour thème la musique mêlée à l’imaginaire. On s’attend aux dernières lignes de la nouvelle, mais l’écriture nous entraîne avec envie et imagination.

Salve Regna Stellarum d’Angélique Ferreira :

L’histoire est juste captivante ! On rentre dans un univers merveilleux, c’est plaisant de retrouver des Elfes, mélangés au mythe d’Avalon, sans oublier l’intrusion du monde humain. C’est dommage par contre de mettre parfois au second plan la musique, mais s’il y a une suite, je lirai avec plaisir car je n’ai pas envie d’abandonner Till et Saya !