La Dame au linceul - Bram Stoker

" Là, sur la terrasse, dans la clarté lunaire maintenant plus intense, se tenait une femme vêtue d'un linceul trempé qui ruisselait sur le marbre, faisant une flaque qui s'écoulait lentement sur les marches mouillées. Son attitude et sa mise, les circonstances de notre rencontre, me donnèrent aussitôt à penser, même si elle se mouvait et parlait, qu'elle était morte. Elle était jeune et très belle, mais pâle, de la pâleur éteinte et grise des cadavres. " Extrait du journal de Rupert Sent Leger, cette scène - dans la pure tradition du genre - donne bien le ton de cet admirable roman gothique où s'entrelacent lettres, billets, fragments de journal intime et notes pour raconter les aventures étranges et inquiétantes d'un jeune homme sans le sou devenu du jour au lendemain châtelain dans les Balkans...

Bram Stoker… inutile d’en rajouter pour que le nom de Dracula vous vienne en tête (si vous connaissez un peu les classiques de la littérature britannique), mais pourriez-vous me citer un autre de ses romans ?

J’étais comme vous, jusqu’à une certaine discussion avec un de mes collègues libraires qui m’avait recommandé La Dame au linceul. Six ans après l’avoir mis dans ma bibliothèque, j’ose enfin le lire. Voici mon ressenti après lecture.

Il est assez court, puisque c’est un roman poche de 210 pages, pourtant, les 50 premières sont un peu longues, car on vous met en place un arbre généalogique alors que nous assistons à la lecture d’un testament. Alors oui, c’est un peu long, il y a des filiations qu’on ne saisit pas très bien. Au final, on retient qu’un certain Robert hérite d’un héritage conséquent et d’un domaine à la condition d’y vivre pendant un an. Pas de problème jusque-là.

Sauf que si vous avez lu Dracula, vous savez que cette condition est louche et que ce domaine cache un secret trop lourd à raconter. Alors, Robert va-t-il y découvrir un vampire assoiffé de sang, sachant que la guerre fait bientôt rage ?

Le début, je le conçois, a été long, mais une fois lancée, impossible d’arrêter la lecture. Vous voulez savoir qui est cette fameuse dame qui se promène parfois la nuit dans un linceul. Robert a-t-il raison de lui faire confiance et surtout, de tomber amoureux d’elle ? On oscille rapidement entre surnaturel et interprétation, si bien qu’on ne sait pas tout à fait si c’est entièrement réaliste ou pas, et c’est là qu’on admire l’écriture de l’auteur.

Agréablement surprise, j’ai terminé le livre avec le sourire. Moi qui pensais que je m’ennuierai, ce n’était pas le cas. Vous avez une partie journal comme pour son roman phare, mais l’histoire est différente, tout en ayant cette touche étrange. Une très bonne lecture que je recommande, car Dracula n’est pas le seul bon roman de Bram Stocker.