Frankenstein - Mary Shelley

" C'est alors que dans la lumière pâle de la lune tamisée par les persiennes, je contemplai le pauvre hère - le misérable monstre - que j'avais créé. Il avait soulevé le rideau de mon lit et ses yeux, s'il est permis de parler d'yeux, étaient fixés sur moi. Ses mâchoires s'ouvrirent et il proféra des sons inarticulés, tandis qu'un rictus déformait ses joues. Peut-être parla-t-il, mais je ne l'entendis pas. Il avait avancé une main, sans doute pour me retenir, mais je m'étais déjà enfui et je dévalais les escaliers. Je me réfugiai dans la cour de ma maison et j'y restai jusqu'au matin... J'écoutais de tout mon être, redoutant au moindre son de voir s'avancer le cadavre démoniaque auquel j'avais si misérablement donné la vie. "

Tout d’abord, il faut bien avouer qu’il faut être amateur de romans du XIXe siècle pour réussir à lire cette œuvre comme elle se doit. Comme dans le roman d’Oscar Wilde, pour ne citer que lui, il peut y avoir des passages très longs par moment, puis des passages tellement passionnants qu’on se plonge avec plaisir dans l’histoire.

Comme le sujet principal est la création d’un homme par un homme pour « rivaliser » avec Dieu et sa création qui tente de le surpasser, certains seraient d’accord pour ne pas qualifier Frankenstein de fantastique à cause de l’importance de la science, même mélangée à la religion. Pourtant, Victor Frankenstein (le créateur) est poursuivi par son démon, sa présence bien qu’invisible parfois le met mal à l’aise, ses proches meurent tour à tour indirectement par sa faute, sa créature est comme son double maléfique qui aide à l’innocenter des crimes commis, une sorte de dédoublement de personnalité.

Je ne sais pas s’il y a vraiment une sorte de moral dans cette histoire, du genre « arrêtez de vous prendre pour Dieu, vous échouerez de toute manière », ou si c’est seulement une écriture romantique sans conséquences, mais j’ai aimé que l’histoire soit narrée par le biais d’un journal et de lettres, Mary Shelley a mélangé les styles avec succès et grande maîtrise.

Frankenstein est un classique de la littérature anglaise et mérite une place dans une bibliothèque auprès des autres grands auteurs. Maintenant, reste à savoir qui la lui donnera. Pas trop long, c’est un roman qu’on peut lire rapidement et qui se comprend très bien.