Il existe des territoires où le progrès n’a pas encore éradiqué les vieilles croyances et leurs pratiques. L’Afrique, berceau de l’humanité, en fait partie.
Chamans, Mambos, Sangomas… Autant de sorciers qui œuvrent dans l'ombre à protéger les fidèles, mais aussi à réveiller les anciens Dieux, démons et loas.
Magie blanche ou magie noire, en dehors des frontières de ce continent, tel un serpent, discret et insinueux, elle se répand.
Ainsi, le jeune punk Mika sera initié malgré lui aux secrets du vaudou, en plein carnaval de la Nouvelle-Orléans, et devra composer avec l'esprit des morts, le terrible Baron Samedi et son armée de gamins buveurs de sang.
À Marseille, des meurtres rituels obligent le capitaine Dilaniti à renouer avec ses racines, le Swaziland, un pays sous dictature militaire où règnent encore les traditions liées au Muti, culte tribal qui vampirise la population.
Au Maghreb, les djinns, esprits nés d'un feu sans fumée, peuvent posséder les vivants. La grossesse avait chassé celui qui résidait en Leila. Entourée de son fils et de son mari, la jeune femme devrait être heureuse. Pourtant, un regard brûlant pèse sur son âme.
Trois auteurs reconnues de la nouvelle génération s’associent pour vous conter ces légendes africaines… À leur manière… Trois romans courts, violents et sans concessions, aux accents sauvages de ce continent insoumis.
Ce fut avec grand plaisir de recevoir ce recueil dans le but de créer un partenariat avec les éditions du Chat noir. J’ai quelques titres de leur catalogue dans ma bibliothèque, c’est une maison d’éditions que j’aime beaucoup pour la diversité de leur collection mais aussi pour la qualité des romans qui vont de l’illustration au texte. Mon premier coup de cœur était Les Larmes rouges de Georgia Caldera.
Ce recueil comprend trois nouvelles. Alors que je connaissais déjà les deux premières auteures, je me suis amusée à lire une auteure que je ne connaissais pas encore et ce fut une bonne découverte. Ce recueil a pour thème la croyance ancienne, notamment la croyance africaine, berceau de l’humanité, et le sujet a été plus que respecté. Trois univers différents, mais une certaine tendance à la violence… J’avoue que j’ai souvent eu du mal avec ce dernier point, notamment dans une nouvelle en particulier. Je reviendrai sur chaque nouvelle après. Donc oui, la violence. Vu les histoires, il était évident qu’il y en aurait, mais chaque auteure avait une façon d’écrire qui pouvait soit atténuer la chose, soit au contraire l’accentuer. Honnêtement, j’ai parfois cru avoir aussi mal que certains personnages, tant la cruauté était décrite avec précisions, et il faut saluer cette réussite, cela prouve que le romancier est très bon.
Nous avons donc trois auteures de talent et chaque lecteur pourra trouver son plaisir selon ce qu’il aime lire. Voici un petit avis sur chaque histoire :
L’Ivresse du djinn de Vanessa Terral
C’est ma nouvelle préférée après réflexion. L’histoire est assez dure, puisqu’on parle de possession, de mariage forcé rendant l’épouse malheureuse et pourtant, il y a quelque chose d’intrigant dans cette nouvelle. On suit le calvaire de Leila qui ne rêve que de liberté dans un monde patriarcale. Le petit plus, c’est que le Mal n’est pas forcément là où on l’attend et je crois que c’est ça qui m’a plu ici.
Sans oublier que l’écriture est fluide, on se laisse entrainer dans l’histoire, un peu comme une douce hypnose. J’avais déjà aimé ses nouvelles, je peux rajouter celle-ci sans aucun problème.
La Danse éternelle des roseaux de Sophie Dabat
J’avoue avoir eu beaucoup de mal avec cette nouvelle à cause de sa trop grande cruauté. Je connaissais l’auteure pour sa série Mutante, une série jeunesse déjà dure, mais là, c’est un record. La nouvelle m’a mise mal à l’aise, j’avais l’impression d’être témoin d’une horreur et de ne pouvoir rien faire, je me sentais tellement impuissante que ça m’a touché émotionnellement. Inutile de dire qu’une fin heureuse est à bannir, mais le lecteur s’en rend vite compte, rassurez-vous.
Néanmoins, il faut saluer la performance. Il y a un côté sadique, et j’insiste sur ce terme car on retrouve un peu du Marquis de Sade dans le détail du vice et de la cruauté, de montrer des personnages qui ne survivront pas parce qu’ils ont été créés pour ne pas perdurer. L’auteure a un talent fou. Alors certes, je ferai encore des cauchemars pour longtemps, mais quand on lit un talent pareil, il faut simplement le reconnaître, même si ce n’est pas notre tasse de thé.
Les Enfants de Samedi de Morgane Caussarieu
La Nouvelle-Orléans regorge de croyances liées au vaudou, j’étais donc très intriguée par cette histoire qui, au niveau ressenti, est un mélange des deux autres nouvelles. Je dirai qu’il y a le côté hypnotique de la première et une part de cruauté de la seconde (moins importante, par contre). Cette nouvelle est plus longue, le décor est planté pour un bon moment de lecture. Pourtant, on ne sait pas si on doit apprécier Mika ou non. On fait presque des paris sur certains personnages, et parfois, on se plante. La magie est omniprésente, même là où on ne l’attend pas.
J’ai trouvé qu’il y avait un réel équilibre entre la narration et les dialogues. En effet, le langage des personnages fait très vrai, on a réellement l’impression de suivre une conversation, même quand il y a du français cajun, sans pour autant dénaturer le langage utilisé par le narrateur. C’est très prometteur et je suis contente d’avoir découvert cette auteure.
On peut dire que ce livre m’a éloigné de mes lectures habituelles, même si c’est du fantastique et c’est une bonne chose. J’espère que ce recueil vous plaira. Dans tous les cas, il ne vous laissera pas indifférent !
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