Le Meneur de Loups - Alexandre Dumas

6391093 l« Thibault, libre d’établir son domicile à l’endroit de la forêt qui lui serait le plus agréable, choisit le carrefour des Osières, situé au plus bel endroit de la forêt, à un quart de lieue d’Oigny et à trois quarts de lieue de Villers-Cotterêts… »

Alexandre Dumas a situé ce roman fantastique, haletant, au cœur de la forêt de Villers-Cotterêts, dans l’Aisne. L’écrivain y déploie toute son imagination et son art du récit pour faire vivre Thibault le sabotier, le loup noir et tous les autres, qui se livrent à une sarabande d’enfer dans ce massif dont Dumas connaissait par coeur les layons et les futaies profondes : l’auteur des Trois mousquetaires est né et a vécu à Villers-Cotterêts, à l’ombre de ces arbres immenses et mystérieux.

 

Connu d’avantage pour son roman historique Les Trois Mousquetaires, qui aurait pensé qu’Alexandre Dumas pouvait aussi écrire un roman avec un registre fantastique ? Car c’est de cela qu’il s’agit dans cette œuvre qui fixe le regard sur un jeune travailleur, apparemment démuni de réflexions intelligentes.

Au niveau de l’histoire, on découvre que l’auteur réussit à sa manière à mener jusqu’au bout l’action. Certes, il n’y a pas de grosses batailles comme dans les romans de capes et d’épées, mais on suit avec plaisir les aventures catastrophiques de Thibault, sabotier qui envie plus de choses qu’il ne peut avoir en honnête homme, d’où sa tentation de faire un marché avec le diable.

Justement, en parlant du Malin, on lit dans l’œuvre une morale chrétienne (du moins, c’est mon avis), c’est-à-dire qu’on peut y trouver une sorte de propagande pour ne pas « tomber du côté obscur de la force », si vous voulez bien me pardonner cet anachronisme.

Qui dit morale chrétienne, dit prendre un bouc-émissaire pour représenter le mal, on prend alors une vieille croyance venant du moyen-âge en décidant que le loup ferait un charmant mais maléfique personnage. Soit.

Cependant, on remarque que Dumas choisit le ton fantastique pour dénoncer de mauvaises mœurs, que ce soit celle des bourgeois et des nobles (la gourmandise, la colère, la luxure, l’orgueil) ou des personnes de basse condition (encore une fois la colère, l’envie,…), on s’aperçoit alors que la théorie de la morale chrétienne tient la route avec ces péchés capitaux désignés.

Certes, contrairement aux romans d’aujourd’hui, on peut penser qu’il est peut-être hors sujet de mettre cette œuvre dans le registre fantastique, néanmoins, je trouve que la relation entre l’humain et le mal est très présente et qu’il est très agréable de lire un auteur dans un français qui ferait rougir certains.

Très bonne lecture si vous osez retourner dans le passé le temps d’un roman.

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